Infosvin le 14/06/2022
Nous relayons avec plaisir l’information suivante:
Vignobles Champagne Deutz
Fleur 2022
A l’heure où nous écrivons ces lignes, on peut dire que la campagne 2022 s’avère être beaucoup plus clémente que la précédente. La nature chercherait-elle à se faire pardonner le difficile millésime 2021 ? La météo a été globalement favorable au développement de la vigne. L’absence de maladie à ce stade (malgré les pluies des 7, 8 et 9 juin) nous permet d’envisager la suite de la saison de manière plus sereine et une récolte plus confortable. Le contraste jusqu’à présent a été fort avec le manque d’eau jusqu’au 6 juin, alors que nous ne savions plus quoi faire de toute l’eau tombée du ciel en 2021.
L’automne/hiver 2021/2022 a été marqué par sa douceur et son humidité. C’est maintenant un fait récurent nous n’avons plus d’hiver froid et les jours où la température passe sous la barre des 0°C se font rares. Dans ces conditions, les sols ne sont pas portants et rendent impossibles toute intervention mécanique. Les travaux de broyage prennent du retard.
La campagne de taille occupe traditionnellement nos vignerons sur cette période. Malgré la campagne 2021 difficile, nous constatons que la mise en réserve n’a pas été impactée sur notre parcellaire. Les bois sont bien aoûtés et de vigueur correcte permettant une taille de qualité.
Si nous ne connaissons plus le gel d’hiver, le gel de printemps s’invite de plus en plus souvent en début de saison. Cette année deux épisodes sont à dénombrer. Le 4 avril, nous enregistrons des températures allant jusqu’à -8°C dans certains secteurs sur des vignes ayant quitté leur stade de dormance hivernale. Fort heureusement, le temps était très sec et venteux et l’impact de cette première gelée printanière a été très limité.
Les 7, 8 et 9 avril, un épisode pluvieux important (le dernier à date !) rapporte une bonne dose d’humidité sur le vignoble. Des conditions anticycloniques s’installent dès l’après-midi du 9, chassant la couverture nuageuse. Un ciel étoilé gage de températures froides marque la nuit du 9 au 10 avril. Au matin, les températures sont négatives et surtout une fine couche de gelée blanche recouvre les vignes. Le mal est fait et nous enregistrons une perte d’environ 8 % des bourgeons sur l’ensemble de notre parcellaire.
La vigne poursuit malgré tout son développement et les dates moyennes de débourrement retenues pour cette année sont les 11, 16 et 19/04 respectivement pour le Chardonnay, le Pinot noir et le Meunier. Ces dates sont proches de la moyenne décennale.
Depuis cette période, c’est la chaleur et le soleil qui dominent avec pour récurrence un assèchement progressif des couches du sol. Les jeunes plantations de l’année ont soif et nous sommes obligés de les arroser. Le manque d’eau a quand même des avantages, le risque de maladie est faible et les travaux mécaniques d’entretien du sol se font dans de bonnes conditions et permettent de réguler efficacement les adventices.
A partir du 14 mai le mercure s’emballe et des températures bien au-delà des moyennes de saison sont enregistrées. A cette période, elles sont particulièrement favorables au développement de la vigne. La pousse « galope » prenant jusqu’à quasiment 4 feuilles en une semaine. Les premières fleurs dans les pieds sont observées le 13 mai. Les travaux de relevage démarrent le 19 mai.
Nous retrouvons là tous les ingrédients d’une année précoce.
S’il demeure, comme tous les ans, une variabilité intrinsèque aux terroirs et aux parcelles elles-mêmes nous pouvons retenir une date de pleine fleur sur nos Pinots noirs d’Aÿ au 28 mai et une date à peu près équivalente pour nos Chardonnay de Bisseuil. La côte des Blancs était en pleine fleur le 31 mai. Nos Meuniers ont quant à eux été un peu plus en retard avec une pleine fleur aux alentours du 5 juin.
Cette floraison précoce, nous fait également entrevoir des vendanges précoces. S’il est évident que plus la vigne fleurie tôt, plus le raisin muri tôt, un autre phénomène accélère souvent la maturation. Les raisins commencent à maturer plus tôt en saison avec souvent des températures plus élevées et des journées ensoleillées plus longues. Cela provoque un petit phénomène d’emballement qui accélère encore plus le murissement des baies. Il n’est pas rare, dans ces situations, de passer sous la barre des 85 jours entre la fleur et la récolte.
Par conséquent nos équipes, que ce soit en vigne ou aux caves, se préparent dès à présent à écourter leurs congés d’été pour être sur le pied de guerre dès la fin du mois d’août. Tous espèrent rentrer une récolte qualitative et quantitative qui nous permettra d’élaborer nos belles cuvées de demain.