Balade en Beaujolais: Au Pays des Pierres Dorées, visite du vignoble Charmet

Au Pays des Pierres Dorées, dans le sud-ouest du Beaujolais des vignerons passionnés poursuivent l’œuvre des générations précédentes. Franck Tordjman nous fait découvrir le vignoble Charmet.

Au sud du Beaujolais se nichent les bourgs et  villages du Pays des Pierres Dorées. Parmi ceux-ci citons Oingt, l’un des « plus beaux villages de France » où les pierres calcaires teintées d’oxyde de fer prennent une couleur ocre particulière qui ravit photographes professionnels ou amateurs. On retrouve ces pierres sur les belles demeures des environs, souvent celles de propriétaires de vignobles comme ici à Frontenas.

Ces bâtisses, les villages, les églises et les châteaux qui embellissent les coteaux du pays font la fierté des habitants de ce territoire millénaire et ses  paysages vallonnés peuvent évoquer la toscane. Ce terroir a la particularité de combiner les terres argilo calcaires le grès et les oxydes de fer. Les viticulteurs travaillent chaque vigne en sélection parcellaire : la roche métamorphique des Pierres Bleues, les Marnes, les argilo-calcaires, les éboulis rocheux. « Chaque parcelle, son sol et sa roche donnent aux cépages une aromatique et une structure particulière. »

Porte d’entrée de la route sud des vins du beaujolais, les chemins de traverse du territoire sont propices à la randonnée à pied, à vélo ou à moto ainsi qu’à la découverte de caves riches d’une longue tradition.

C’est le cas du Vignoble Charmet où une même famille exploite depuis 1650 (plus de 270 ans) à La Ronze (7 kms au sud d’Oingt), 23 hectares de vignes plantées en gamay et chardonnay.

Viticulteurs passionnés, le toujours jeune et fringuant patriarche Monsieur Charmet, désormais père et grand-père d’une nouvelle génération d’exploitants, ouvre volontiers son domaine aux visiteurs. Il prend le temps d’expliquer aux amateurs les évolutions successives de la vinification et l’apport des différentes générations qui ont développé une taille spécifique des vignes (la taille Charmet reconnue par la profession et l’INAO introduite par l’un de ses aïeuls).

Ici les vignes sont toujours vendangées à la main et la chaptalisation limitée au strict minimum (voire inexistante). La sélection des meilleurs bourgeons contraint les rendements et favorise une bonne aération des ceps. Cette exigence et la mise au point de processus spécifiques permettent de réduire les traitements ; les vins Charmet ont gagné au fil du temps de nombreux prix et médailles dans des concours régionaux, nationaux ou internationaux (Les cuvées en Beaujolais du Vignoble Charmet (beaujolais-charmet.com).

Nous nous sommes intéressés à deux cuvées : un beaujolais blanc, la Goyette d’or (cépage chardonnay) et une cuvée rouge de garde, la cuvée centenaire (gamay). (Les Charmet produisent également des rosés et un vin pétillant)

Le blanc de cépage chardonnay pourrait avoir droit à l’appellation Bourgogne car administrativement le Beaujolais se situe en Bourgogne. Toutefois monsieur Charmet tient à conserver l’appellation AOC Beaujolais estimant que les Beaujolais blancs sont peu connus et que cette rareté a un intérêt pour les consommateurs ou pour les restaurateurs. De fait la cuvée Goyette d’Or 2021 tient ses promesses et propose un vin élégant et équilibré à la couleur cristalline qui ravira vos convives à l’heure de l’apéritif ou sur des bouchées aux fruits de mers.

A contrario les gamays caractérisent les Beaujolais et ce cépage représente la quasi-totalité des vins rouges du Beaujolais. Le Gamay descend du Pinot noir. D’origine ancienne, il est mentionné pour la première fois par écrit dès le 14ème siècle. En 1395, craignant qu’il ne concurrence le Pinot Noir du fait de son fort potentiel productif, Philippe le Hardi chasse le Gamay du Duché de Bourgogne par ordonnance. Arraché en Côte d’Or, il est replanté dans le sud de la Bourgogne et dans le Beaujolais dont il devient le cépage emblématique et caractéristique de la plupart des appellations contrôlées régionales ou communales.

La cuvée centenaire du vignoble Charmet est issue des vendanges de parcelles de vignes plantées depuis plus de cent ans, donc peu de temps après la renaissance du vignoble qui avait été ravagé par le phyloxéra. Il en découle un vin noble, structuré au délicieux fruité et peu tanique qui profite de la méthode de vinification à raisin entier du beaujolais (maturation de 6 à 10 jours en cuve epoxy).

Ce vin de garde à la belle robe rubis peut aussi être bu assez jeune et il ravira les amateurs de viande notamment d’andouillettes ou de spécialités lyonnaises. Il se situe à l’opposé des vins faciles que sont certains Beaujolais nouveaux  et participe à la valorisation de ce terroir multiséculaire qui est à la recherche d’une nouvelle appellation géographique complémentaire.

Une démarche de certification est en effet en cours auprès de l’INAO, il s’agirait d’une appellation viticole spécifique susceptible de valoriser en France et à l’étranger ce terroir à la manière des célèbres crus du nord du Beaujolais. Cette dénomination pourrait être AOC Beaujolais Pierres Dorées. Plusieurs concours récompensent déjà des vins issus de ce terroir.

Par Franck Tordjman pour Infosvin avec l’aimable participation de Jean Marc Bertier.

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